Petites histoires d'un tour de Corse Cyclotouriste

Etape 3 : Bonifacio - Zonza  100km D+2037 le 7 Octobre 2020

 

Aujourd'hui, nous tournerons résolument le dos à la mer. Objectif plein nord jusqu'à l'île de la Giraglia à l'extrémité du Cap Corse vers Barcaggio où nous arriverons dimanche, dans 4 jours, si tout se passe bien.

Avant, il va falloir remonter toute la Corse, d'une extrémité à l'autre, le long de son "épine dorsale".

La côte Est, vaste plaine et ses grandes routes vers Solenzara et Aléria, n'est pas au programme de cette année.

Nous préférerons la montagne, 4 belles journées de bosses et le tour du Cap Corse en prime.

Un menu copieux servi avec 10.900 m de dénivelé, ça c'est du vélo. J'en salive d'avance.

La 1ère étape va nous conduire à Zonza au cœur de l'Alta Rocca.

Avant d'entamer le récit de cette journée, alors que je m'installe derrière le clavier avec le plein d'images en tête, je mesure la chance inouïe que nous avons eue de pouvoir faire ce tour de Corse...

48h après notre retour sur le continent, on appliquait un couvre-feu à Paris, et maintenant 2 semaines plus tard, nous sommes tous enfermés...

Ce grand tour de 1.000km, sans aucune contrainte et sous le soleil, va me donner le moral pour enchainer quelques centaines de petits tours d'un km sur les quais de Port Fréjus dans les 4 semaines, au mieux, qui arrivent.

Bon, assez philosophé, au boulot !

Ce mercredi matin 7 octobre, nous sommes réveillés par un bruit inhabituel, la pluie et les voitures qui passent sur la route mouillée devant l'hôtel.

La météo l'avait annoncé en ajoutant que cela irait mieux au fil des heures.

Départ fixé à 9h45. Rien ne sert de courir. Par chance, il ne pleut plus mais le temps reste maussade. Je troque quand même le coupe-vent contre l'imperméable de compétition.

Nous décidons d'ajouter au programme une virée jusqu'au phare de Pertusato pour voir le gouvernail de la Corse.

A la sortie du port, la route vers Capo Pertusato s'élève d'emblée, un bon km à 7% et le vent fait son apparition. Pas prévu, il ne fait pas chaud ...

Nous débouchons sur le vaste plateau du Cap, sans abri sauf les petits reliefs de terrain, et là on n'est pas loin de la tempête. Par moment il faudra mettre pied à terre et pousser le vélo pour éviter de finir au fossé.

Nous allons jusqu'au phare, nous sommes au bout du bout Sud...

Capo Pertusato

Vaste étendue quasi déserte avec une végétation rabougrie malmenée par le vent, le ciel menaçant pèse sur nos têtes...

J'aimerais bien voir ce paysage sous le soleil éclatant de Juillet ! Là on est plus Ouest-Bretagne en décembre que Sud-Corse en été.

Derrière le phare de Pertusato, les Bouches de Bonifacio sous un ciel menaçant
Les Bouches de Bonifacio
Derrière le sémaphore, la citadelle de Bonifacio
Le sémaphore
La citadelle de Bonifacio au loin
La citadelle en arrière-plan
La grotte saint Antoine et le trou sur la plage
La plage Saint Antoine
La face arrière du phare de Pertusato
Le phare le plus méridional de France. Il faut en faire le tour, je préfère de loin la façade arrière
Ruines sur le Cap Pertusato
Une ruine dans un environnement hostile...
Le phare et le sémaphore de Pertusato sous un ciel impressionnant

Le phare et le sémaphore, un ciel de plomb

La plage de Sperone

La plage de Sperone

Au retour, Marine est là aussi, la petite photo rituelle.

Je fais l'effort de rester sur le vélo pour la postérité mais c'est chaud. Pour un peu on avait "photo-gag".

En plein effort dans la tempête sur le Capo Pertusato

quel vent, dur de rester sur le vélo

Au moment de reprendre la route vers Bonifacio, on s'égare un peu ce qui nous conduira sur la plage du petit Sperone à Piantarella après le superbe golf de Sperone (oui - golf sans "e" pour les adeptes de la petite balle blanche).

Les îles Lavezzi nous font face avec Piana, Ratino et Cavallo, appelée aussi l'île des Milliardaires à 2km.

Les îles Lavezzi et la plage de petit Sperone

La plage du petit Sperone avec Piana à droite et Cavallo en face

Une nouvelle fois, il nous faudra remonter jusqu'en haut du Capo Pertusato, vent de face...

De retour à Bonifacio, il est 11h30. Près de 20 km parcourus et 300 m de dénivelé alors que nous ne sommes pas encore partis ! Il va quand même falloir y penser.

Direction Porto-Vecchio à 25 km sur la T10, une route monotone dont j'appréhendais par avance les longues lignes droites. Nous les avalerons à près de 40 km/h, comme dirait Marine qui a du vocabulaire et quelques années d'équitation derrière elle, "vent du cul dans la plaine".

Moins de 40 min plus tard, c'est plié et nous prenons à droite vers Palombaggia.

Palombaggia

L'idée est de faire le tour de ce cap célèbre pour ses villas et sa plage au lieu de tirer tout droit sur Porto Vecchio.

C'est sympa Palombaggia, je ne regrette pas le détour. Malheureusement nous sommes loin des plages.

La route joue aux montagnes russes, un véritable toboggan entre les propriétés privées. Il y en a de belles, d'autres plus banales.

Au loin, la plage célèbre de Tamaricciu avec son pin emblématique... Ah mince, il n'est plus là le pin... Arraché en décembre dernier, malade...

La plage de Palombaggia en regardant vers le sud

La plage de Palombaggia en direction du Sud

Une villa dominant la plage de Palombaggia

Une villa qui domine toute la plage

La plage de Palombaggia en regardant vers le Nord

La plage de Palombaggia en direction du Nord

La plage de Palombaggia sans son pin mythique

La plage de Palombaggia sans son pin mythique

Avant de rejoindre Porto Vecchio, un sanglier sort d'une propriété privée. On est aussi surpris l'un que l'autre !!!

Nous traversons une zone humide en bord de mer. Un échassier dont je ne connais pas le nom casse la croûte tranquille sur un tronc couché.

Il nous faudra attendre quelques kilomètres de plus pour en faire autant. Ce sera un panini dans un point chaud, en haut de la vieille ville de Porto-Vecchio, avec une grande Orezza et un café, le luxe.

Bocca d'Illarata - L'Ospédale

Dès la sortie de Porto-Vecchio, nous entrons dans la montagne corse. Le 1er col sera le Bocca d'Illarata, l'un des plus difficiles du périple, par son profil certes mais surtout parce qu'il sera balayé par un fort vent contraire durant toute l'ascension.

Selon Col-Cyclisme, ma bible, le col culmine à 991 m d'altitude pour 26,50 km de longueur et un pourcentage moyen de 3,74% avec des passages à 10% maxi. Rien d'insurmontable pourtant.

Profil du col d'Illarata depuis Porto-Vecchio

 

En fait, il est surtout difficile dans sa 1ère partie jusqu'au village de l'Ospédale avec, en gros, 10 km à 7%. Les pourcentages les plus sévères sont dans la traversée du village.

A la sortie, un peu plus haut, un superbe point de vue sur Porto-Vecchio et une belle table d'orientation valent l'arrêt.

La partie terminale, sur les 8 à 9 derniers km, contourne le barrage réservoir de l'Ospédale. Elle est plane, voire descendante au début.

Palombaggia vu depuis l'Ospédale
Palombaggia vu depuis les hauteurs de l'Ospédale
Arrivée à l'Ospédale
Arrivée à l'Ospédale
Le panneau du barrage réservoir de l'Ospédale
Arrivée au barrage
Golfo di Sogno vu depuis les hauteurs de l'Ospédale
Golfo di Sogno
Table d'orientation Sud Corse
Table d'orientation Sud Corse
Cairn près du réservoir barrage
Cairn sur la rive du barrage
Porto-Vecchio au loin
Porto-Vecchio en arrière plan
Table d'orientation en sortie du village
Table d'orientation
Le réservoir barrage de l'Ospédale
Le réservoir barrage
Vue sur le réservoir barrage en haut du col
Le réservoir barrage sur la gauche de la route

En arrivant sur le barrage je franchis une double ligne d'arrivée en partie effacée.

C'est à cet endroit que devait se terminer la course de côte du Critérium Cycliste International.

En effet, beaucoup de passionnés de cyclisme ont entendu parler de cette montée, plus connue sous le nom de col de l'Ospédale et empruntée chaque année, entre 2010 et 2016, par le peloton cycliste professionnel.

La course se déroulait fin mars sur 2 jours. Au programme : une étape classique de plaine, une étape de montagne arrivant ici, un contre la montre individuel le dimanche après-midi.

Le palmarès de l'épreuve est prestigieux et les vainqueurs des dernières éditions ont fréquenté assidument le podium du Tour de France. Frank Schleck, Cadel Evans, Chris Froome, Jean Christophe Perraud (2 fois). Le dernier vainqueur en date se nomme Thibault Pinot.

 La forêt sur la droite

Au sommet du col sur la droite

Il fait froid à 1.000 m d'altitude ! Nettement au-dessous de 10°C et toujours un vent à décorner un bœuf. A la hâte, j'enfile l'imperméable.

Patrick s'est arrêté dès le bas de la montée, je l'attends depuis de longues minutes... Frigorifié.

Pourtant il est top cet imper. Chaque fois que je le mets, je me plais à penser qu'il a partagé la valise d'un maillot jaune sur le tour de France 2006.

En effet, il appartenait à Cyril Dessel, maillot jaune à Pau en 2006 et vainqueur d'étape à Jausiers en 2008. C'est son beau-frère, un ami d'enfance, qui m'en a fait cadeau alors que nous participions à une édition de Lyon Free VTT particulièrement arrosée...

Malgré ces pensées réconfortantes, j'ai toujours aussi froid. Ce n'est pas un imperméable qu'il faudrait mais une doudoune, un bonnet et des gants. L'hiver quoi....

Patrick arrive. Il nous reste une vingtaine de km à parcourir en descente et faux plat descendant à travers l'Alta Rocca pour rejoindre Zonza terme de notre périple d'aujourd'hui.

A travers l'Alta Rocca

Les sommets de l'Alta Rocca près du barrage
L'Alta Rocca peu après le barrage de l'Ospédale
Le 1er troupeau de chèvres qui croisera notre route
Drôle de rencontre
Les sommets de l'Alta Rocca en se rapprochant de Zonza
L'Alta Rocca en arrivant sur Zonza

Le vélo, quelle belle façon de découvrir un endroit.

On est en totale immersion, on fait corps avec l'environnement, on le sent, on le respire !!!

Avec ce 1er troupeau de chèvres qui traversait la route, on le sentait particulièrement bien l'environnement... C'est Patrick qui aura le courage de s'arrêter pour immortaliser la rencontre.

panneau d'entrée à Zonza terme de la 3ème étape
Encore un panneau en triste état ...

Il est 17h30, le soleil est déjà bien bas, nous arrivons à Zonza. L'hôtel, situé en centre-ville, n'est pas encore ouvert.

Le temps pour une bière en terrasse d'un café typiquement corse au centre du village. Les derniers rayons de soleil n'arriveront pas à nous réchauffer.

L'hôtel ouvre ses portes, enfin...

Je rentre marqué davantage par les conditions climatiques que par le profil. Qui aurait dit à l'avance que l'on pouvait se cailler autant en Corse ?

L'hôtelier prévoyant a installé des convecteurs électriques portables dans nos chambres. Vite à la douche...

Pas mécontent d'arriver aujourd'hui !
Daniel arrivée à Zonza

 

Plus tard, nous retrouverons Jeannick, qui loge juste à côté. La ville de Zonza n'est pas très grande mais il y a un nombre important d'hébergeurs, hôtels, gites, chambres d'hôtes, le choix est vaste, sans doute à cause du GR 20 qui passe tout près à Bavella.

Notre hôtel L'Aiglon fait restaurant. Nous décidons de diner sur place tous les quatre. Au menu ce sera repas corse et plus précisément assiette corse avec les spécialités locales, charcuterie, figatellu, fiadone... Succulent !

Les mauvais moments de la journée sont déjà oubliés. Vivement demain !

 

Le parcours de cette 3ème étape : URL Strava et pour finir la trace au format GPX pour votre GPS vélo

Copyright : Les photos légendées en vert sont de Marine, en rouge de Patrick. En bleu ce sont les miennes.

Vous avez des commentaires, des remarques sur cet article. Vous envisagez vous aussi de faire un tour de Corse à vélo, vous l'avez déjà fait ?

N'hésitez pas à adresser un mail à l'auteur : Contact Auteur  Nous pourrons échanger sur nos expériences.

 

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