Petites histoires d'un tour de Corse Cyclotouriste
Etape 6 : Corte - Saint Florent 134km D+2413 le 10 Octobre 2020
Ce soir, nous retrouvons le bord de mer.
L'étape du jour va nous conduire jusqu'à Saint Florent où nous établirons notre camp pour 2 jours, en réalité 2 nuits !
A travers le Bozio, la Castagniccia et le Nebbiu, nous traverserons la Corse profonde. Un festival de reliefs, de virages et de petites routes, le GPS sera notre ange gardien.
Peu de monde, une journée à l'écart du temps ou plutôt à la poursuite du temps.
Nous aurons rendez-vous avec l'histoire Corse, nous roulerons sur les traces de Pasquale Paoli.
Pasquale Paoli, héros du XVIIIe siècle, personnage fondateur de l'identité Corse et chef d’un "état Corse" qui a existé pendant 14 ans est le Père de la Nation Corse - "U Babbu di a Patria".
Une journée de vélo difficile nous attend avec à nouveau 3 cols, certes moins hauts qu'hier mais de l'ordre de 1.000m tout de même.
Encore une folle journée à tourner, monter et descendre !
Dès le départ, en haut du Cours Paoli, au centre de la Place Paoli, nous sommes face à la statue en pied du Père de la Patrie. Impossible de la rater... Après 1km, le ton est déjà donné !
Il avait fait de Corte la capitale de la Corse Indépendante entre 1755 et 1769, indépendance proclamée un 14 juillet 1755, ça ne s'invente pas quand même !
A cette époque, les Corses avaient une constitution et battaient monnaie. Nous étions 30 ans avant la révolution française.
Son héritage est immense, l'université Pasquale Paoli de Corte en est le meilleur exemple.
Nous partons plein Est pour une boucle sur la D 39 qui va nous amener au pied de la 1ère difficulté du jour, le col de Sant' Antone.
Une dizaine de km en très légère descente. La température est bonne.
Depuis 3 jours, nous avons vraiment une superbe fenêtre météo. Profitons-en, les prévisions pour les jours à venir sont moins réjouissantes...
Le col de Sant' Antone
De grands champs d'oliviers tapissent le fond de la vallée. Jusqu'à présent, nous n'en avions guère vus...
Le col propose un dénivelé de 650 m pour une longueur légèrement supérieure à 13,5 km.
Un village calme avec une belle fontaine et un monument aux morts atypique.
Au loin le massif du Cinto qui domine la vallée, de l'autre côté de la nationale menant à Ponte Leccia.
Nous reprenons la montée en direction du village d'Alando, 300 m de dénivelé en 4,5 km. Un pourcentage moyen de l'ordre de 7%.
La route est parfaite, un véritable billard digne d'un circuit de F1. Du coup, la progression est hyper-facile. Même sur le continent, on a rarement des chaussées comme celle-là...
Il passe à plusieurs reprises devant la roue avant et tente obstinément d'escalader ma cuisse droite.
Plus prudent de mettre pied à terre avant que ça ne se termine mal...
Jusqu'à Bustanico, une montée agréable avec de la vue sur le Cinto. Nous laissons le village sur la gauche pour gravir les 2 derniers kilomètres. Une rude montée à 10 - 11%. On voit bien toute la grimpette avec une grande épingle sur la droite dominant le village.
Direction Bocca di Prato
Entre le col Sant' Antone et le col de Prato, nous allons parcourir une quarantaine de kilomètres. Toujours des petites routes, des virages.
Nous quittons le Bozio pour la Castigniccia, toujours les mêmes petits villages isolés, les mêmes animaux en liberté au bord des routes. Les châtaigners sont maintenant partout. Encore et toujours des chapelles et toujours personne...
Nous repartons toujours en descente par la D 39 jusqu'à San Lorenzo où il faudra prendre à droite la départementale D 639, vers Saliceto. Ce n'est pas bien compliqué...
Pourtant, entre la théorie et la pratique, il y a parfois des différences et nous allons le constater rapidement.
En fait, la route ne passe pas dans San Lorenzo et, malgré le GPS nous ratons l'embranchement. Nous prendrons bien une petite route à droite qui va nous conduire à un hameau charmant en cul-de-sac mais, trop tard !
Demi-tour pour rejoindre la route principale ou nous persistons dans l'erreur... Au lieu de remonter vers San Lorenzo et reprendre le bon embranchement, nous allons à droite sur la D139. Il y a de quoi se paumer quand même avec tous ces 39, d'autant plus, qu'entre temps, le GPS s'est recalé sur un autre itinéraire.
Bref, c'est le Bo...l pour le pas dire le mer....r. Il est temps de sortir la bonne vieille carte Michelin du coin. Même si elle pèse un peu dans la poche, il est prudent de l'avoir !!!
Vu l'heure, il faudrait peut-être aussi penser au casse-croûte... A Morosaglia ?
1er constat, tout est fermé sauf un café corse traditionnel où quelques anciens attablés devant des Pietra nous indiquent que, dans le coin, on ne trouvera rien à grailler... D'accord.
Morosaglia est un ensemble de petits hameaux accrochés à la montagne, Convento, Rocca Soprana, Rocca Sottana, Stretta, Collu, Querceto, Terchini, Tabonzuli, Sevasi.
U Babu di a Patria est originaire de Stretta. Sa maison natale a logiquement été transformée en musée...
Couvent Saint-Antoine de Casabianca
Après "Ghjucatoghju" nous nous dirigeons vers un autre col Saint Antoine, c'est vrai que ça simplifie la navigation s'ils portent tous le même nom. Celui-ci culmine à 687 m d'altitude.
Il se franchit quasiment en descente et je n'en parlerai pas d'un point de vue vélo.
En revanche, c'est à nouveau un lieu chargé d'histoire et en plus c'est vraiment très chouette.
"Le couvent est resté célèbre pour avoir accueilli en juillet 1755 une cunsulta au cours de laquelle Pasquale Paoli fut proclamé Capugenerale di a Nazione Corsa, général en chef de la Nation corse. Cette date marque le début de son règne ainsi que le début de l'indépendance de l'île, alors sous domination de la République de Gênes".
La séparation de l'Eglise et de l'Etat, ce n'est apparemment pas une notion insulaire. Peut-être même que ça aide à comprendre l'omniprésence de la religion sur l'île.
15 km de descente plus tard, nous traversons Barchetta et arrivons sur la N 193, la route nationale reliant Ponte Leccia à Bastia. Un pont enjambe le Golo.
Au revoir la Castagniccia.
Col de Bigorno
Ce dernier col ne s'annonce pas facile. Nous monterons pendant 17 km. Si le pied est indiqué à Volpajola, en réalité, il faudra déjà gravir D+300 pour arriver au début.
Depuis Volpajola jusqu'au sommet, 500 m de dénivelé et 12 km, un pourcentage régulier autour de 5%.
On va devoir faire avec...
Encore 30 km pour rejoindre le niveau de la mer et la journée sera terminée, enfin !!!
San Michele est une petite église d'architecture romane, l'une des plus belles de Corse. Datée du milieu du XIIe siècle sans doute vers 1140, elle a été consacrée vers 1280.
Elle fut édifiée alors que la Corse était gouvernée par Pise. Son style typiquement pisan, polychrome (bicolore), reconnaissable par l'alternance de pierres de couleurs verte (serpentine) et blanche (calcaire), assemblées en dessinant irrégulièrement des damiers et des zébrures, est semblable aux prestigieux édifices de Pise (tour, cathédrale et baptistère) et à de nombreuses églises de Toscane. Merci Wikipédia
Il est 17h45. Une simple crevaison et nous rentrions de nuit.
Finalement, les choses se terminent bien.
Une étape de 8h30 dont 7h30 à pédaler sans pause casse-croûte. C'est long quand même non ?
Arrivée à Saint Florent
Il se situe en centre-ville. C'est une étape traditionnelle des tours cyclos organisés. A tel point que le fléchage bleu que nous suivons souvent nous accompagnera jusqu'au parking arrière de l'hôtel.
Le parcours de cette 6ème étape : URL Strava et pour finir la trace au format GPX pour votre GPS vélo
Copyright : Les photos légendées en vert sont de Marine, en rouge de Patrick. En bleu ce sont les miennes.
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