Petites histoires d'un tour de Corse Cyclotouriste
Etape 7 : Le tour du Cap Corse 146 km D+2384 le 11 Octobre 2020
Les Corses le disent eux-mêmes, le Cap Corse, "une île dans l'île" ou "le doigt de la Corse".
Nous souhaitons aller tout à l'extrémité du Cap, à Barcaggio, pour voir de près l'île de la Giraglia. C'est un peu l'inconnu mais nous savons d'avance que ce ne sera pas qu'une gentille promenade. Le GPS indique une trace de 144 km et D+2343. Après les 134 km et D+2413 d'hier, il y a de quoi fatiguer des papys comme nous...
Un "petit" tour du Cap Corse durant ce grand tour de Corse... Une superbe parenthèse !
Le soleil est toujours de la partie mais le vent est annoncé avec une température fraîche.
Ce matin, départ cool, pas de corvée de bagages, nous restons à l'hôtel Madame Mère.
Nos amis cyclos F.F.C.T sont déjà partis depuis un moment, l'avenir cyclotouriste appartient à ceux qui se lèvent tôt. Nous sommes prêts vers 8h45, un gros effort quand même...
Nous prenons la D 81 en direction de Patrimonio, haut lieu viticole Corse s'il en est. Il s'agit en effet de la 1ère A.O.C de l'île obtenue en 1968.
Des vignes et des domaines viticoles, on se croirait à la maison, du côté de Trans ou de La Motte...
Ensuite, ce sera le col de Teghime. Un beau col qui relie Saint Florent à Bastia.
Deux villes de bord de mer distantes d'une vingtaine de kilomètres avec un passage à 536 m d'altitude. Il serait même possible de monter à Serra-di-Pignu à 958m d'altitude en ajoutant 4 km (à plus de 10%) mais la route parait vraiment défoncée. Nous ne tenterons pas le diable...
Le col de Teghime
Le dénivelé de 533 m et la proximité de la mer offriront des points de vue superbes à la fois sur Saint Florent et sur Bastia.
Baie de Bastia depuis sommet du col
Nous nous arrêterons au-dessus de la ville, près d'un énième couvent Saint Antoine.
En contre-bas, la vieille ville, le port, l'étang de Bibuglia et la baie de Bastia.
Nous éviterons le centre-ville pour rejoindre au plus vite la route du bord de mer. Un dimanche matin, il y a du monde sur la route.
Des voitures et aussi pas mal de cyclos qui empruntent la route littorale. Nous ne serons pas seuls aujourd'hui.
La côte orientale du Cap Corse
Aujourd'hui, pas de difficultés de navigation, la D 80 fait le tour du Cap Corse. Tout au plus faudra-t-il être attentif au niveau de Porticciolo et de Meria à ne pas prendre les transversales généralement empruntées par les séjours organisés pour raccourcir un peu le parcours.
Entre Bastia et Macinaggio, 37 km d'une route côtière et pour ainsi dire plate, une alternance de belles plages, de Marines et de multiples tours génoises...
Parmi les 86 tours génoises implantées sur l'île, 25 le sont sur le Cap Corse dont 16 sur la seule côte orientale...
Il y en a vraiment de partout !
Sur la commune de Santa Maria di Lutta, sa tour génoise toute pimpante fait débat. Elle vient d'être rénovée en 2017 à l'aide d'un financement européen mais le choix et la couleur des matériaux ne font pas l'unanimité. Pourtant, elle a de la gueule !
Ensuite ce sera la Marine d'Erbalunga, moins de 5 km plus loin, une plage renommée, un petit port et encore une tour, en ruine cette fois.
La prochaine tour se situera au niveau de la marine de Pietracorbara. En bord de mer, elle a fière allure et il convient de s'attarder sur son histoire.
Je ne trouvais aucune trace de cet édifice sur les cartes. Pour confirmer sa localisation, j'ai utilisé Street View de Google. Avec Strava, ce n'était pas très compliqué de retrouver l'endroit exact de la prise de vue avant de basculer sur Street View...
Et là, surprise, pas de tour !!!! Pourtant tout concorde avec la photo, les montagnes en arrière-plan, les mêmes maisons, la même jetée en pierre ? Trop fort...
En réalité, la tour d'origine a été détruite en 1943 par les troupes allemandes. Reconstruite en 2019, elle sert aujourd'hui de vigie pour la surveillance des baignades sur la plage. Bref, une fausse tour...
Au niveau de Porticciolo, la D 180 en direction de Pino par le col de Sainte Lucie part sur notre gauche.
La remontée vers le nord se poursuit... Plus loin, nous apercevons la silhouette massive de la tour de l'Osse, implantée au-dessus de la route. Celle-là, elle est bien d'époque, dans son jus et impressionnante.
Encore quelques kilomètres, traversée de la marine de Meria. A gauche la route directe vers Morsiglia sur la côte Ouest. Enfin Macinaggio, nous arrivons.
L'extrême nord du Cap Corse
Le col Saint Nicolas
A la sortie de Macinaggio, la route quitte subitement le bord de mer pour se diriger vers l'intérieur et la Serra, nom de la chaine montagneuse qui s'étend tout le long du cap, depuis la Serra di Pignu (altitude 960 m) dont nous parlions précédemment au niveau du col de Teghime, jusqu'au Monte di u Castellu (altitude 540 m) au nord. Cette chaîne comporte 10 sommets à plus de 1.000m sur une presqu'ile large de 15 km. Autant dire que c'est bien escarpé...
En vélo, il faut gravir le petit de col Saint Nicolas qui culmine à 318m d'altitude. 4 kilomètres à 5% et une dernière partie quasi plane avec une route qui décrit de larges méandres dans le maquis jusqu'à un point de recyclage de déchets dont on se demande bien comment il a pu arriver là !
Du coup, nous ne verrons pas davantage les îles de Finocchiarola et leur tour génoise. Ces îles, refuge naturel de nombreuses espèces d'oiseaux, se situent à une heure de marche au Nord de Macinaggio. On les devine au loin en arrivant sur la ville.
Que cette montée est belle, l'élévation nous offre des panoramas superbes vers l'Est. La mer, les îles de Finocchiarola et plus loin l'île de Capraia, en territoire italien, malheureusement perdue dans les brumes.
Barcaggio et Tollare
Peu avant la bifurcation, nous apercevons en contre-bas le hameau de Granaggiollo où nous allons passer. En face de nous, l'île de la Giraglia dont tout le monde a déjà vu l'image de carte postale commence à se préciser sérieusement.
Autant le vent a pu s'avérer un peu gênant dans la montée jusqu'à Botticella, autant la descente vers Barcaggio sera agréable dans la végétation et le maquis.
Nous avons retrouvé Marine, par hasard au sommet du col de Saint Nicolas. Elle va nous accompagner jusqu'au déjeuner.
Un moment en famille dans cet environnement idyllique, c'est sympa.
D'autant plus sympa même, qu'elle a de quoi se restaurer dans la voiture...
Les panneaux indicateurs montrent bien que nous sommes à l'extrémité de la route...
Sinon à Botticella, pas grand-chose à part la traditionnelle chapelle en bord de route. Inutile de s'attarder.
Au retour, nous repasserons par là après avoir remonté D+320 ! Juste pour le fun et le plaisir de toucher l'extrémité de ce Cap Corse.
En cette arrière-saison, nous ne croiserons personne. Le lieu est désert. Le port est à nous.
Nous sandwichons tranquilles sur un banc face à la Giraglia. Cette fois, nous sommes à l'autre bout, le bout ... Nord.
Après avoir touché l'extrême Sud, nous sommes à l'extrême Nord. La Corse traversée de part en part.... Pari gagné !
Pour la 1ère fois, j'ai pleinement conscience que nous allons le réussir ce tour de Corse et les doigts dans le nez encore.
Plus rien ne pourra nous en empêcher. Ça donne le moral car on se doute bien que le retour sur Saint Florent va être difficile.
Le col de la Serra
En quittant Barcaggio, nous prenons une route différente passant par Poggio et Ersa.
Le col de la Serra, une montée de 7km, très régulière, un pourcentage moyen de 5% pour un dénivelé de 360 m. Des pourcentages maxi à 7%.
La côte occidentale du Cap Corse
Le région de Centuri
Rapidement, nous arrivons à la bifurcation vers le petit port de Centuri, l'un des plus beaux villages de France...
Un seul souci, il est encore au niveau de la mer... Forcément ! Ce n'est pas très loin mais les D+200 à se coltiner pour remonter nous font réfléchir.
On va rentrer aux phares. Du coup, on le regarde du haut depuis la route.
Direction Morsiglia
La route surplombe réellement le bord de mer. Nous sommes à une altitude supérieure à 200 m et nous descendons vers Morsiglia.
Il faudrait s'arrêter tous les 100 m pour faire des photos tant c'est beau... Marine en aura quand même pris dans les 300 sur la journée. Moi seulement 150, c'est déjà pas mal et ça explique la moyenne de tortue.
La route directe depuis la Marine de Meria débouche à ce niveau, la distance n'est réduite que d'une dizaine de kilomètres par rapport à la D80 classique.
Morsiglia, Muchietta, quelques photos pour partager avec vous la beauté des lieux.
Entre Morsiglia et Minervio
Pour la 1ère fois, nous rejoignons le niveau de la mer avant de remonter ensuite vers Minervio.Arrivé au niveau de Pino, nous retrouverons la route directe depuis Porticciolo par le col de Sainte Lucie. Un raccourci de 21 km directement écrit à la peinture sur la route.
Autant la côte Est pouvait être plane, autant nous allons jouer à saute-moutons pour le retour.
Il n'y aura pas moins de 3 "remontées" vers Minervio, Canari et Nonza avant une arrivée vallonnée vers Saint Florent.
Arrivée à Saint Florent
Arrivée à l'hôtel, il est 18h00, la nuit n'est plus très loin. Patrick m'a largement devancé. Originaire d'Arles, il était beaucoup plus à l'aise que moi dans les rafales. Comme il est aussi meilleur rouleur et meilleur descendeur, il a bien fait de ne pas m'attendre.
Une véritable journée de guerrier, 9h00 de vélo dans le vent... Heureux d'en finir !
7 jours se sont écoulés depuis notre départ d'Ajaccio.
En cumul, j'aurai parcouru 805 km et gravi 13.600 m de dénivelé. Bien sûr, j'explose mon record et aussi celui de la page hebdomadaire Strava de l'AMSLF. C'est rare. D'habitude, il y toujours quelques excités qui en font davantage.
Sur la page Strava Lyon qui regroupe plus de 2.800 membres, je ne suis pas ridicule non plus.
Alors ne boudons pas le plaisir d'avoir fait tout ça.
Ce n'est pas un exploit certes mais, au final, un tour de Corse dans les conditions où nous le faisons avec Patrick, n'est peut-être pas à la portée de tout le monde.
Par contre restons modeste, avec des étapes plus courtes, en plusieurs fois, n'importe quel cyclo peut le faire. Et il faut absolument le faire !!!
Soirée à Saint Florent
Le patron, personnage atypique habillé en cow-boy avec le Stetson et les Santiags qui vont bien nous offre notre 1ère myrte locale. Facile à boire, il faudra renouveler cette expérience, mercredi à la soirée corse !
Nos amis cyclos sont partis vers Calvi nous laissant seuls dans l'hôtel...
La patronne nous dira qu'elle est restée ouverte pour le groupe F.F.C.T et que, du coup, elle nous a pris aussi. Autrement, l'hôtel serait déjà fermé. Nous sommes ses derniers clients de la saison et les seuls ce soir. Quelle ambiance...
3 clients pour une centaine de chambres ! Demain au petit déjeuner, la distanciation physique sera facile !
Le parcours de cette 7ème étape : URL Strava et pour finir la trace au format GPX pour votre GPS vélo
Copyright : Les photos légendées en vert sont de Marine, en rouge de Patrick. En bleu ce sont les miennes.
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